Osheaga – Bilan et compte rendu, 5 août 2018

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Ce troisième tour de piste au parc Jean-Drapeau marquait la fin de la 13e édition d’Osheaga. L’heure est au bilan pour tous les acteurs de l’évènement, dont nous.

À contre-coeur, nous avons parfois été « forcés » de déroger de notre mandat premier, celui de couvrir nos artistes d’ici. Plusieurs de nos chouchous jouaient à des heures très hâtives, comme LaF, Paupière et Ponctuation, pour ne nommer que ceux-là. Ne serait-ce que la serre Perrier où une lettre signée de Valérie Plante était nécessaire pour entrer, nous avons exploré toutes les scènes. J’oubliais la scène de l’île, cette véritable Île Soniq à petite échelle qui, force est d’admettre, était plutôt impressionnante visuellement. Tous pouvaient trouver chaussure à leur pied, que ce soit musicalement ou culinairement. Pour tes vrais pieds, tu pouvais même gagner une paire de Vans en jouant aux poches. Bref, trêve de plaisanteries, parlons des choses sérieuses.

Parlons de ce week-end où Marilou a été d’une aide précieuse, elle qui avait acheté sa passe en bonne et due forme. Pendant ces trois jours, j’ai réalisé à quel point le fait de prendre des photos de spectacles est addictif et foutrement plaisant. Je ne suis pas photographe, loin de là, c’est pourquoi j’ai eu recours aux excellents photographes officiels pour appuyer certaines prestations. On remercie d’ailleurs les Patrick Beaudry, Pierre Bourgault et Tim Snow de ce monde.

C’est donc la dernière fois qu’on est achalant avec Osheaga, pour cette année du moins!

Goldlink

Rares sont mes déceptions scéniques et musicales, encore moins lorsqu’il s’agit de hip-hop. Goldlink, alias D’Anthony Carlos, est malheureusement mon citron de la fin de semaine. J’avais ciblé son spectacle avec une attention particulière, et peut-être que mes attentes étaient trop élevées.

Ce n’était pas mauvais en soi, mais tout simplement pas à la hauteur. Son dernier album At What Cost est une sacrée bonne galette pour tout amateur de rap américain. Dommage qu’il n’ait déployé que son succès Crew, deux fois plutôt qu’une. Même procédé pour sa dernière parution Got Friends. Ce n’est pas comme si sa discographie était embryonnaire. Commencer une perfo avec un sample de Nirvana pour dire à l’assistance d’aller se voir si c’était ce qu’elle voulait entendre… c’est peut-être drôle pour son crew, mais pas pour tous les fans. Surtout pour un 40 minutes de musique chronométrées. Grosso modo, trop de bouteilles d’eau tirées, de doigts d’honneur et de temps perdu au détriment de son contenu original.

Tash Sultana

C’est avec une immense impatience que j’attendais la prestation de cette grande artiste australienne qui jouit d’une popularité florissante.

Le moins que je puisse dire, c’est que les quatre heures d’attente pour être à l’avant du public en ont valu la peine. Tous ont pu constater le grand talent de cette jeune artiste, qui non seulement crée tous ses sons par elle-même, mais n’avait aucune musique en arrière-plan pour l’accompagner. Tantôt faisant du beatboxing sur sa flûte de pan, tantôt utilisant une quantité invraisemblable de pédales pour enregistrer des sons en boucle, cette autodidacte épatante n’en est pourtant qu’au début de sa carrière. 

Sa voix allait toucher les notes les plus longues pendant que son jeu à la guitare électrique faisait planer le public. Une heure de spectacle n’était définitivement pas assez, mais bon, ce n’est qu’un au revoir, Sultana! (Marilou Boutet)

Blood Orange

Devant un parterre quelque peu clairsemé, l’anglais Dévonté Hynes nous offre à la fois une rétrospective de son oeuvre passée et un avant-goût de son prochain album.

Derrière sa voix riche à l’âme soul se cache un guitariste doué et un claviériste talentueux. Du make-up R & B à son meilleur rehaussé par cette formule full band. D’ailleurs, il est impossible de passer sous silence l’incroyable soutien des deux choristes qui l’accompagnent. Évidemment, Hynes a profité de l’occasion pour expérimenter son  opus futur Negro Swan en alternant avec ses pièces antérieures. Il revisite entre autre Time will Tell en la plombant de saxophone, question d’ajouter à la langueur. Enchaînant avec la tropicale Chamakay, l’homme et sa bande ont transformé la scène en piste de danse. Un moment groovy des plus satisfaisants!

Franz Ferdinand

Comme plusieurs mélomanes nostalgiques, je préfère me blottir à la scène verte plutôt qu’à la rivière. Même si les Écossais sont toujours actifs, leurs dernières compositions n’ont pas laissé d’empreintes aussi marquantes que leurs « vieux » succès.

Maintenant dans la mi-quarantaine, les membres originaux Alex Kapranos (voix, guitare), Paul Thompson (batterie), Nick McCarthy (guitare, clavier) n’ont pas changé, ni leur style. Le rock alternatif un peu kitsch qui a fait la renommée de Franz Ferdinand au milieu des années 2000 est encore très actuel. C’est tellement beau d’entendre Kapranos baragouiner un peu de français entre les morceaux, surtout quand le trois quarts de la foule est anglophone. Pour en revenir à leur musique, on a été choyé côté hits. No You Girls, Ulysses, Walk Away et This Fires y ont tous passés. Bien sûr, ils ont gardé l’intemporelle Take Me Out en guise de clôture, au plaisir de tous.

The National

Quoi de mieux qu’une halte patriotique des plus ironiques avec les rockeurs de The National.

Matt Berninger ainsi que les frères Dessner et Devendorf en avaient juste assez long à dire sur notre Amérique malade. Leur dernier matériel comme Day I Die ou The System Only Dreams in Total Darkness est tellement coloré malgré les propos que la contradiction est une pure réussite. Les effets lumineux bariolés ne font qu’accentuer le rock dramatique de la formation d’Ohio. Berninger se permet même un léger bain de foule, une des rares tentatives des trois jours de festivités. Outre Graceless, tirée de Trouble Will Find Me (album qui m’a fait découvert le groupe), qu’ils gardent pour la fin, je reconnais aussi la poignante Fake Empire, issue de leur opus Boxer.

Quand The National agissent comme première partie à Florence and the Machine, tu passes forcément une foutue belle soirée.

Florence+The Machine

Florence Welch ne vient clairement pas de cette planète. La Londonienne ne marche pas au sol (pieds nus), elle lévite. Elle ne court pas, elle vole. C’est super cliché de dire que c’est un ange descendu du ciel, mais je le dis quand même.

Sa voix chaude percutante est relancée par les chants puissants d’Isabelle Summers, installée derrière son clavier. Après Only for the Night, elle demande à l’immense foule de s’aimer et de prendre son ou sa voisine sur ses épaules. « I wanna see your faces. »Quel moment subjuguant alors que des centaines de montagnes humaines sont formées.

Elle poursuit ce moment d’amour avec une chanson de son « South London » natal, Dog Days Are Over. Elle joue également une des pièces les plus rock de sa discographie, Ship to Wreck que j’aime un peu, beaucoup, que dis-je, passionnément. Hé! Florence, il y a un festival à Québec en juillet prochain, qui ne demande que ton illumination, ça te dit?

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