Chroniques d’Austin – no. 5, décembre

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Mon mois de décembre s’est commencé les deux pieds dans Barton Springs, un ukulélé à la main, pour se terminer dans un décompte tourbillonnant comme la neige battant les fenêtres du Maëlstrom alors que je sirotais mon Qualité Mocktail. Entre les deux, Austin m’a offert une panoplie d’opportunités – de plus en plus VIP – d’explorer sa scène locale. Compte-rendu d’un dernier sprint musical avant de me rendre en hiver.

Cheer Up Charlie’s, 7 décembre 2018

La sympathique salle de spectacle accueillait ce soir-là divers artistes rassemblés sous le thème de la dream pop. Or, bien que la musique de Blood ait quelque chose de tout à fait planant, je ne la placerais pas vraiment dans cette catégorie. Armé de ses guitares et de ses claviers, le groupe local s’est plutôt lancé dans un punk rock aérien et sombre, sur lequel Tim O’Brien dévoilait des textes poétiques sous une forme de chant déclamatoire qui rappelait parfois les Ramones. Chargées émotivement, les compositions avaient à la fois un aspect fleuri – comme la chemise du chanteur – et défoulatoire. En terminant, le bassiste a troqué son instrument pour un violoncelle, ce qui a donné une finale toute en expérimentations.

https://soundcloud.com/tobde703/sets/where-did-our-love-go

La musique de Tee Vee, pour sa part, s’accordait bien au thème. Seule avec ses machines et claviers, la chanteuse de Houston se fabriquait des trames sonores entre techno et pop qui révélaient un choix de couleurs judicieux. C’est sur ce canevas qu’elle plaquait sa voix à la fois aiguë, ventilée et nasillarde, qui rapprochait son esthétique de celle de la pop japonaise.

Radio Milk, 8 décembre 2018

Par un après-midi frais – relativement, bien sûr – j’ai fait la découverte de Radio Milk. Propriété de White Denim, un groupe d’Austin qui est maintenant assez établi, ce studio d’enregistrement accueille régulièrement d’autres artistes locaux pour de petits concerts enregistrés en direct.

Alors que je mettais les pieds dans leur cour extérieure le 8 décembre, c’est Being Dead qui poursuivait son set. J’ai pu attraper quatre chansons de ce duo dont j’avais fait la connaissance en octobre dernier au Ditch the Fest Fest. Leur univers singulier détonnait une fois de plus par son aspect décalé et absurde, qu’ils savaient aussi parer de toutes sortes de reflets selon leurs compositions.

Les Magic Rockers of Texas leur ont emboîté le pas d’une manière aussi contrastante qu’efficace. Avec une énergie contagieuse, les cinq musiciens nous ont balancé un rock à prédominance punk, mais qui allait aussi faire un tour du côté du surf-rock, du blues et même de la pop. Le chanteur, de sa voix aiguë et écorchée – mais toujours juste – racontait de véritables histoires dans ses textes qui ne manquaient ni de mordant, ni d’ironie. Leurs plus récentes compositions, telles que Sex Symbol, m’ont plu davantage parce qu’elles sortaient un peu plus des sentiers largement battus du rock.

Do512 Lounge, 12 décembre 2018

Si le Lounge de Do512 est aussi en partie un studio d’enregistrement, c’est tout d’abord le QG du site web local du même nom qui a pour mission de tenir les Austinites au courant qui se passe en ville chaque soir. 512, c’est le code régional, au cas où vous vous posiez la question.

Contrairement aux sessions d’enregistrement de Radio Milk, on ne peut assister à celles de Do512 que sur invitation, ce qui en fait des soirées semi-privées où il ne manque visiblement pas d’ambiance. En tout cas, ce fut mon impression lorsque PR Newman et Glorietta se sont partagés la scène le 12 décembre dernier.

Spencer Garland et ses musiciens ont lancé le bal avec énergie, tirant leurs chansons de « Turn Out », tout récent album au lancement duquel j’avais assisté en juillet dernier. Cependant, les mêmes chansons prenaient une allure toute différente ce soir-là, et ce particulièrement grâce aux inflexions – moins country, un brin plus psychédéliques – du nouveau guitariste tout droit débarqué de Los Angeles, Matthew Francis. Ce dernier s’est d’ailleurs démarqué dans les soli de guitare qui accompagnaient les compositions originales du chanteur. Garland n’as pas été en reste non plus, effectuant sans difficulté, entre deux refrains, lignes de guitare élaborées et mélodies à l’harmonica, le tout sans prétention et même avec débonnaireté.

Les nombreux chanteurs et musiciens qui composent Glorietta – je n’ai même pas essayé de les compter, plantée comme je l’étais au milieu d’une foule nombreuse et constituée d’une quantité significative de gens environnant les six pieds – ont à leur tour pris micros et amplis pour délivrer ce qui allait être l’un de leurs derniers concerts. En effet, le super-groupe, composé de plusieurs auteurs-compositeurs-interprètes établis dans la région, compte se séparer pour un temps indéterminé dans le but que chaque membre puisse poursuivre sa carrière individuelle. Ce fut un moment de pur western classic rock, où les voix de southerners et leurs harmonies massives se jûchaient sur un véritable mur de guitares.

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