Juste Robert – « Mon mammifère préféré »

PAR

Salut Jean-Robert,

Bon, tu le sais déjà, je suis un de tes gros fans, alors je ne ferai même pas semblant d’être objectif. Ton premier disque, « Des autoportraits », je l’ai usé à la corde (dans la mesure où c’est possible d’user une série de 0 et de 1). C’était un des disques les plus sous-estimés de 2016, qui a eu le malheur de passer sous le radar plutôt que sous les projecteurs. Un album qui sentait l’urgence et un brin de hargne, mais qui était aussi rempli d’amour et de tendresse.

Je savais donc déjà que t’étais capable de tailler tes mots comme tu gosses ton bois. De peindre tes mélodies avec minutie et précision. J’aimais déjà ta voix particulière, ta diction unique. Je ne suis pas le seul. Paraît que Benoit Pinette (Tire le coyote) a mis beaucoup de pression sur la gang de La Tribu pour qu’elle te prenne sous son aile. Je ne pense pas qu’ils regrettent leur décision, t’es un match parfait.Publicité

Tout ça pour te dire que j’avais hâte de l’entendre, ton nouvel album! Je pense que tu le sais, tu me l’as envoyé en catimini un peu en avance. Avec le recul, je te trouve un peu chien. J’écoutais « Mon mammifère préféré » pendant que j’essayais de rédiger mon palmarès des albums de 2018. Si tu savais à quel point j’aurais aimé le mettre là, dans mon top cinq! Mais je ne pouvais pas, l’album ne sortait que trois mois plus tard. En gros, j’avais hâte de laisser parler mon coeur!

C’est pas ça que t’as fait sur cet album, d’ailleurs? Laisser parler ton coeur? Man, c’est tellement rempli d’amour dans tous les racoins, que ce soit l’amour un brin nostalgique d’un père pour son fils, ou pour tous ces élans d’affection que t’as pour ton mammifère préféré partout sur l’album! Ta poésie, déjà fort jolie, s’est vraiment raffinée, les images sont beaucoup moins brutales, beaucoup plus cinématographiques. Tes chansons, on ne fait pas que les entendre, on les voit. Pis quand tu ne chantes pas tes propres mots, t’en choisis de très beaux. Que ce soit ceux de Léo Abomes sur Amours électroniques ou ceux d’Agnès Riverin sur la magnifique Lorsqu’aimé.

Tu t’es encore bien entouré pour l’enregistrer, ton disque. Todd Picard te rocke encore ça à la guitare (sauf sur #kanyewest). Kenton Mail se fait aller les baguettes comme un champion. Yves Marquis te groove ça en titi. Vincent Gagnon est fidèle à lui-même. Shampouing, Martien Bélanger et Cédric Martel sont aussi venus te prêter main forte. Pis La Police (Hugo Lebel et Jean-Michel Dumas) à la réalisation? Le vieux punk t’a fait une maudite belle job! Avec une équipe de même, difficile de rater sa shot!

Non, je te rassure, t’as pas réussi à la rater, bien au contraire.

Ton disque, il est plein de perles de tendresse. Du début (Tel un oiseau) à la fin (fort touchante Pissenlits de lumières, qui vient nous prendre au ventre), tu nous transportes dans le quotidien avec tes mots et tes mélodies. On est nostalgique avec toi sur #kanyewest, on sent la chimie entre Laura Babin et toi dans Sous nos vieux disques (ce qui est assez incroyable quand on sait qu’elle a enregistré ses pistes de son côté), on aimerait avoir les moyens d’écrire son amour à notre mammifère préféré comme tu le fais sur la pièce titre. Pis Le monstre, qui se cachait sous le lit… frissonnant, parce qu’on y reconnaît quelques bêtes… parfois humaines aussi.

Je me rends compte que mes chansons préférées sont les plus lentes, les plus douces, mais vous avez aussi fait un beau boulot sur les chansons plus rythmées comme Nos amours électroniques, qui a un petit côté frenchy-groovy. En fait, dans ces moments, c’est fou combien tu sonnes comme un petit Bashung en peluche. Peut-être parce que tu mâches moins tes mots, tu joues moins avec ta diction si particulière qui faisait craquer ma blonde. J’aimais ça aussi, mais je t’avoue que j’aime mieux cette retenue dont tu fais preuve sur cet album. Que veux-tu, j’aime ça comprendre tes paroles (qui sont extrêmement imagées, tsé) du premier coup. J’aime bien cette douceur qui contraste avec l’urgence du premier album.

Tu sais, Jean-Robert, même après trois mois d’écoute intensive, j’ai l’impression d’avoir reçu cet album le jour de sa sortie (aujourd’hui, quoi). Il me fait encore cet effet de nouveauté. Peut-être parce que je découvre encore de petites pépites cachées çà et là, dans les arrangements, dans les mots. Qu’il fasse beau, qu’il fasse mauvais, Mon mammifère préféré est un bel album de route ou de salon. Tu m’accompagnes partout, comme un ange sur mon épaule qui me rappelle (comme les Tire le coyote, Avec pas d’casque et autres Saratoga de ce monde) que l’amour, la famille, le quotidien, la douceur du temps qui passe, c’est un peu (beaucoup) ce qu’on a de plus précieux.

Le monde a besoin de plus de mammifères comme toi, Jean-Robert. Des gens sensibles, capables de nous faire ralentir, de nous imposer un moment de réflexion simplement en nous chantant tes chansons engageantes. Qui redonnent le goût à ce critique blasé de s’envelopper de musique toute la journée alors qu’il préférait le silence depuis un certain temps. Yep, ça va jusque là.

Merci de nous éclairer avec tes pissenlits.

Ton fan numéro 1,

Jacques

VOUS CHERCHEZ QUELQUE CHOSE?